L’Éthique à Nicomaque d’Aristote fascine par sa richesse et sa densité. Premier grand traité d’éthique de l’histoire de la pensée occidentale, elle est également plus qu’un texte : elle est le centre organisateur d’un vaste contexte historique et philosophique, ou plutôt : de plusieurs contextes qui s’entrecroisent et se superposent. Œuvre polémique, elle interpelle fermement ses prédécesseurs, notamment Platon et l’Académie, en particulier sur la nature du bien et sur le plaisir. Œuvre ouverte et composite, elle croise les autres textes du corpus aristotélicien de philosophie pratique, notamment l’Éthique à Eudème. Texte fondateur, elle connaît une fortune considérable dans l’Antiquité, de Théophraste au néoplatonisme, que ce soit comme source d’inspiration ou par intention polémique. Objet exégétique enfin, elle est le centre de plusieurs débats d’interprétation contemporains, qui en reflètent les inépuisables ressources et contribuent à porter sa voix au coeur de la philosophie du XXIesiècle.
Tels sont les enjeux du séminaire « Sur l’éthique d’Aristote. Texte et contextes », animé par Dimitri El Murr et Pierre-Marie Morel de 2015 à 2017, à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (centre Gramata-Sphere – UMR 7219). Les études qui sont rassemblées dans ce volume sont issues de conférences qui ont été présentées et débattues dans ce cadre, et elles reflètent les différents axes de réflexion qui viennent d’être évoqués.